Les Anglais les appellent « middle men ». En France, on parle plutôt d’intermédiaires ou de « facilitateurs ». Ce sera donc le rôle de Paul Aldridge, recruté par l’OM pour forcer plus facilement les portes de la Premier league. Une décision qui découle de l’incapacité du club à monnayer ses joueurs outre-Manche l’été dernier, alors que le besoin de liquidités se faisait sentir et que Frank McCourt souhaitait encaisser un ou deux gros transferts. Andoni Zubizarreta a bien essayé de placer Sanson à West Ham, voire Thauvin qui représentait sa plus grosse valeur marchande, mais le directeur sportif espagnol a fait chou blanc. À tel point que beaucoup le donnaient partant en début de saison. Lors de ce mercato hivernal, et encore plus l’été prochain, l’OM va encore tenter de faire jackpot chez les Anglais, d’où l’appel à l’ami Aldridge et à ses réseaux, lui qui a travaillé pour City, West Ham, Leicester et bien d’autres.
Ceci dit, alors que les autres clubs français se régalent à chaque mercato en envoyant leurs joueurs en Angleterre, pourquoi l’OM doit-il faire appel à un spécialiste pour exporter les siens ? C’est la question que Le Phocéen pose à Eric Roy, ancien milieu olympien aujourd’hui directeur sportif de Watford :
« Je ne pense pas que la Premier League soit un marché spécial, même s’il y a plus d’argent qu’ailleurs. Après, on peut dire qu’il y a deux marchés : celui des joueurs anglais, ou des étrangers déjà installés dans le championnat qui valent très cher, et puis il y a ceux qui viennent de l’étranger qui le sont un peu moins. Les Anglais considèrent que leur championnat est spécifique et ils veulent savoir si le joueur est en capacité de s’y adapter. Ils ont raison, car je regardais récemment Inter-Atalanta, et l’intensité n’a strictement rien à voir avec ce qui se fait ici. Mais, si demain je propose un joueur français au board de Watford, je ne vois pas l’intérêt de passer par un facilitateur de transferts. Après, l’OM a certainement identifié des besoins pour se sentir obligé de faire appel à quelqu’un ».
Quelles seront les premières missions de Paul Aldridge ? Être actif dès maintenant ou préparer le terrain pour l’été prochain ? Difficile à dire, mais il n’est un secret pour personne que si l’OM est sollicité pour un de ses joueurs, on pense à Sanson, Sakai, voire Kamara, il écoutera attentivement les propositions.
« Pour moi, celui qui est le plus proche de la Premier League par ses caractéristiques, c’est Morgan Sanson. Il a les jambes et une qualité globale qui en font un prétendant. Il faut de l’énergie pour s’adapter à l’intensité et à la répétition des matches, et Sanson me semble prêt pour ça, avec sa vitesse et sa capacité à presser. Il y a aussi la dimension athlétique, car il n’a pas un grand gabarit, mais il a le coffre et c’est un très bon footballeur. Les prix dont on parle, entre 25 et 30 M€, me paraissent assez réalistes ».
Ceci dit, on voit mal André Villas-Boas accepter de céder un de ses meilleurs atouts dès cet hiver en pleine course vers la qualification en Champions League. Mais comme on dit outre-Manche, business is business.