Andrew Webster est un joueur écossais de 37 ans aujourd’hui à la retraite. Une carrière passée entre la Scottish Premier League et les divisions inférieures anglaises, rien de vraiment bien passionnant. Mais en 2006, il avait eu la bonne idée de quitter ses Hearts of Midlothian pour Wigan en cassant son contrat. Après des semaines de bataille juridique, le TAS lui a donné raison, créant une jurisprudence bien connue désormais des agents de joueurs. Alors certes, cela n’a pas été une révolution comme avec Bosman au milieu des années 90, mais « l’arrêt Webster » ou l’article 17 du règlement des transferts FIFA, appelez-le comme vous voulez, est une réalité dans le football d’aujourd’hui. Ces dernières années, il était un peu tombé dans l’oubli, n’étant juste qu’un moyen de faire monter la pression, les clubs ayant toujours financièrement de quoi s’en affranchir. Mais avec la nouvelle donne qui est en train de se dessiner pour le mercato à venir, il pourrait être remis au goût du jour. Dans son édition de lundi, L’Equipe le mentionne pour deux joueurs et pas des moindres, Neymar et Paul Pogba.
Mais l’arrêt Webster qu’est-ce que c’est ? C’est la possibilité pour un joueur, si cela fait trois ans qu’il a le même contrat, de pouvoir racheter sa liberté. Il lui suffit pour cela de payer à son club le nombre de salaires qui lui reste jusqu’à échéance plus des frais, environ le tiers de l’indemnité de transfert que le club a dû débourser pour s’attacher ses services. Si, comme en Espagne avec les clauses libératoires, c’est au joueur de faire le chèque, en pratique, c’est bien évidemment le nouveau club du joueur qui s’en charge, via une prime à la signature équivalente. A Marseille, la fois où on a vraiment entendu parler de l’arrêt Webster, c’est lors de l’enquête en 2014 sur les transferts de l’OM. Les juges se demandaient alors pourquoi Pape Diouf, disparu mardi dernier, avait versé une partie de l’argent perçu sur le transfert de Samir Nasri à Arsenal au clan du joueur en 2008. L’ancien président de l’OM s’en était expliqué, non sans véhémence, vous pouvez retrouver l’intégralité de son intervention en vidéo : « Je rappelle que Nasri pouvait bénéficier de l’arrêt Webster, qui permettait au joueur de partir pour 1 million, 1 million et demi. On a trouvé un accord pour qu’il nous laisse discuter d’un transfert régulier et nous étions d’accord pour lui reverser pas loin d’un tiers de la somme que nous toucherions ». Nasri ayant été formé au club, son indemnité n’aurait pas été très élevée en effet. En optant pour cet accord, « à l’amiable », l’OM touchait quand même plus de 10 millions d’euros dans l’affaire, ce qui était loin d’être négligeable alors qu’il lui restait un an de contrat. Bon, maintenant qu’on maîtrise bien le principe, qui est concerné dans l’effectif actuel ?
Il faut donc se tourner vers les joueurs dont le contrat n’a pas été touché depuis trois ans. Dans quelques mois, cela concernera Jordan Amavi, Valère Germain, Dimitri Payet, Maxime Lopez et Florian Thauvin ! Pour les deux premiers cités, même si tout est possible dans le football, il est peu probable qu’un club soit prêt à entrer en guerre avec l’OM en utilisant cette méthode sous-marine pour le chiper contre vents et marées. Pour Payet, à qui il restera cet été deux ans de contrat et qui avait été payé plus de 30 millions d’euros à West Ham, cela pourrait coûter près de 25 millions d’euros. Ce qui là aussi ne devrait pas se passer, alors que le meneur de jeu vient de fêter ses 33 ans. Mais pour Lopez et Thauvin, cela s’avère plus épineux. Le milieu de terrain pourrait partir pour 1,5 million d’euros, le champion du monde pour dix fois plus. Il est utile de préciser que si les agents évoquent souvent cette possibilité lors des négociations, ils sont extrêmement peu à aller au bout. Les clubs n’appréciant pas ces méthodes, conscients que s’ils recrutent un jour un joueur par ce biais, ils peuvent en perdre d’autres de la même manière. Il y a une sorte de gentlemen agreement. De même, vu leur attachement à l’OM, difficile d’imaginer Lopez et Thauvin être prêts à tout pour quitter Marseille. Mais à l’heure où certains imaginent que l’OM peut se permettre de balayer certaines propositions d’un revers de main, ou que ces joueurs ne peuvent partir qu’en face d’un très gros chèque, il faut avoir connaissance de tous les paramètres…