Des rumeurs concernant le rachat de l’OM, c’est généralement monnaie courante sur internet. Les fameux bruits de couloir, les rumeurs, le cousin d’un proche du dossier… C’était d’ailleurs l’objet d’un débat il y a quelques semaines suite au buzz Romain Molina, qui a assuré que le club était en vente et qui semblait en être bien sûr vu la tournure de son annonce. Vous pouvez retrouver l’intégralité du débat en vidéo. Ce mardi, le site italien Tutto Mercato Webannonce qu’une éventuelle vente de l’OM est à un stade « très avancé ». Derrière ce rachat, un homme, al-Walid Bin Talal, prince saoudien de 65 ans, dont le bras droit aurait déjà rencontré plusieurs directeurs sportifs dont notamment Antero Henrique, qui était en poste il y a encore un an au Paris Saint-Germain. L’article précise que l’homme d’affaires entend profiter de l’annulation du fair-play financier pour investir dans un club déjà qualifié pour la Ligue des champions, mais qu’il souhaite aussi devenir propriétaire du stade Vélodrome, ce qui devrait faire l’objet de discussions avec la Mairie et Arema alors que dans cette affaire, Franz Beckenbauer, « proche de la Ville de Marseille », aurait été consulté. Depuis l’information a été reprise sur bien d’autres sites mais certains détails, comme par exemple le passage sur le champion du monde allemand, proche de la cité phocéenne uniquement quand il en a été le coach pendant quelques mois il y a 20 ans, ont été mis de côté.
Ce n’est pas la première fois que l’on entend parler d’une reprise du club phocéen par al-Walid Bin Talal. Le 24 novembre 2014, L’Equipeannonce que celui qui est alors la 35e fortune mondiale aurait en tête de reprendre l’OM. Pourquoi l’OM ? Parce que son fils, qui aurait eu un accident de jet-ski en 1993, aurait été sauvé de la paralysie par les médecins urgentistes de la Timone. Plusieurs réunions se seraient alors tenues, Vincent Labrune, le président de l’époque, aurait été sondé, et une offre comprise entre 100 et 150 millions d’euros est dans les tuyaux. Par contre, les investissements derrière auraient été importants, puisque l’objectif était de concurrencer le Paris Saint-Germain, financé par le Qatar depuis l’été 2011. Déjà, quelques mois plus tôt, c’est Patrick Mennucci, candidat à la Mairie de Marseille, qui avait évoqué le sujet. « Quand on connait le mode de fonctionnement des monarchies pétrolières, et l’histoire des relations, tendues, entre l’Arabie Saoudite et le Qatar, il n’y a pas de surprises à ce que la famille Al Saoud veuille concurrencer la famille régnante du Qatar dans le football européen. J’ai eu deux informations à l’époque, dont je n’ai pas voulu donner la source, car je ne voulais pas gêner les gens qui me les avaient fournies. La première venait d’un membre du ministère des Affaires étrangères, en lien avec l’ambassade d’Arabie Saoudite, qui m’avait parlé de conversations qu’ils avaient eues. La deuxième provenait de conversations avec Pape Diouf, qui avait évoqué cette piste au mois d’octobre 2013 » nous expliquait le candidat PS à la sortie des révélations de L’Equipe, alors que, lors de sa campagne au mois de mars, il avait évoqué cette piste avant tout pour… vendre le stade Vélodrome, qui pesait à ses yeux trop lourd dans les finances de la Municipalité. Dans les jours qui suivent, Mennucci estime que, pour 400 millions, le prince peut rafler le stade et le club. Quelques mois plus tard, le nom d’al-Walid Bin Talal sera de nouveau lié à l’OM. Selon le quotidien espagnol As, il aurait alors joué un rôle d’intermédiaire pour arracher celui qui entraînait alors le club phocéen, Marcelo Bielsa, pour en faire le nouveau sélectionneur de l’Arabie Saoudite en vue de la coupe du monde 2022 au Qatar avec un contrat record de 10 millions d’euros annuel. Un nouveau poste pour l’Argentin également évoqué par Pierre Ménès sur le plateau du Canal Football Club. A son départ de l’OM en août 2015, Bielsa ne signera pas dans le Golfe, pas plus qu’il ne rejoindra le Mexique, comme le devinait le journaliste de la chaîne cryptée.
Mais revenons à la déclaration de Patrick Mennucci concernant sa conversation avec Pape Diouf au sujet du rachat du club. L’ancien président de l’OM évoquait le sujet cette année-là dans sa biographie, « C’est bien plus qu’un jeu », révélant alors avoir eu des approches de représentants des fortunes des Pays du Golfe. Et, s’il ne voulait pas heurter les fans de l’OM qui rêvaient de grandeur, il était plutôt sceptique sur le scénario. « Sachez quand même qu’en règle générale, les Émirats ne font pas toujours pareils que les Qatariens » glisse-t-il même un jour sur le plateau du Talk Show, sans que cela ne prenne trop d’écho. Peut-être bien parce qu’en mai 2012, le site Bakchich annonçait que la vente, et un retour de Pape Diouf, étaient tout proche. Mais avec… le Qatar. « Les Qataris réalisent que le PSG seul ne pourra pas animer les championnats de la Ligue 1 et de la Ligue des Champions. Ils envisagent sérieusement de favoriser la reprise de l’OM par une nouvelle équipe et ont pris contact avec l’ancien patron du PSG, Christian Villeneuve » selon « une bonne source » du site internet. Christian Villeneuve pour Charles Villeneuve, l’ancien présentateur du « Droit de Savoir », devenu président du PSG pendant quelques mois en 2008-2009. Et ami de Pape Diouf. Les deux hommes avaient démenti l’information sur le plateau de Canal+, Villeneuve révélant même qu’il en avait plaisanté avec Deschamps à Merano, lui assurant que selon ce qu’il était en train de lire, il allait lui donner beaucoup de moyens au mercato… Villeneuve, qui, lorsqu’il fut évincé de la présidence du PSG, partit à la recherche d’investisseurs dans le Golfe pour racheter le club à Colony Capital.
Alors, si ça se trouve, la dernière rumeur de rachat de l’OM n’est pas une « fake news » comme l’assurait Jacques-Henri Eyraud. Si ça se trouve, certains éléments mettent sur le chemin de la vérité. Mais en se penchant sur l’historique entre ces rumeurs, ces « serpents de mer » comme les appelait le regretté Pape Diouf, et le club phocéen, on se rend compte que ce sont toujours les mêmes leviers qui sont actionnés. Une histoire de rivalité avec le PSG, le Qatar, ou alors de compétitivité, voire de revanche à prendre, une histoire de sentiments, bref tout ce qui peut sortir d’une logique économique de rentabilité. Par ailleurs, si l’on calque l’historique de ces rumeurs à la situation sportive de l’OM, on se rend compte que ces rumeurs arrivent à chaque fois au moment où les supporters de l’OM doivent constater avec amertume que les limites financières du projet de leurs dirigeants ne leur permettent pas de rêver comme leurs rivaux du Paris Saint-Germain. Par contre, lorsque la vente de l’OM est devenue concrète, en 2016, toutes ses rumeurs étaient bien plus discrètes. Alors, stop ou encore ?