La nouvelle est tombée mercredi soir, en plein match de l’équipe de France ou presque : Dimitri Payet écope de deux matchs de suspensions, plus un avec sursis pour son expulsion à Lyon dimanche. Une décision qui a de quoi interroger. Le meneur de jeu marseillais est désormais un habitué de la commission de discipline qui l’a dans le viseur. Parano typiquement marseillaise ? Déjà, pour bien remettre les choses dans le contexte, il n’est pas question d’aller jusqu’à pleurer sur le carton rouge reçu par le milieu offensif marseillais sur la pelouse lyonnaise. Oui, Stéphanie Frappart a pris la bonne décision, oui, le joueur de l’OM aurait dû se contrôler, faire preuve de plus d’expérience quelques minutes après l’ouverture du score, même si sa faute tient avant tout de la maladresse. Mais être a posteriori suspendu pour trois matchs, c’est un peu fort. La plupart des supporters de l’OM s’en sont d’ailleurs émus, sur Twitter ou ailleurs, avec un rapide comparatif.
Ces gestes sont similaires et pourtant :
— Jérémy Tordjman (@Jay_Tordjman) October 7, 2020
1. Aouar (Lyon) : 1 match de suspension.
2. Di Maria (PSG) : avertissement.
3. Girotto (Nantes) : 1 match de suspension.
4. Payet (OM) : 3 matches de suspension dont 1 avec sursis.
Quelle cohérence ? 🤔#Discipline #Ligue1 pic.twitter.com/D1UCb1IWHm
Car oui, deux matchs fermes plus un avec sursis, c’est une façon vicieuse de présenter la peine. Sur les dix prochaines rencontres de Ligue 1, Payet ne devra pas récolter de carton jaune, sinon, automatiquement, il prendra son troisième match. Pourquoi tant d’insistance ? L’origine se trouve peut-être dans le match de suspension qu’il avait pris après la rencontre face à Lyon avec Marcelo Bielsa, où il avait laissé échapper sa frustration devant le vestiaire des arbitres. Il avait été sanctionné après coup, la commission ayant découvert son comportement… devant l’émission J+1 de Canal+ le lundi soir ! Il y a un peu moins de trois ans, Payet avait également accordé un entretien à L’Equipe où il assurait que l’arbitrage en Angleterre était de bien meilleure facture, surtout en ce qui concerne le volet psychologique. Pas de quoi se mettre les hommes en jaune dans la poche. Le soir-même, il récoltait un avertissement… pour avoir trop avancé un ballon sur un coup franc. Reste le rapport d’Amaury Delerue la saison dernière où Payet a pris 4 matchs pour s’être attrapé avec l’arbitre à la suite d’une échauffourée avec Montpellier. Il y a un mois, avant le match à Paris, alors qu’il était invité par un journaliste local à se calmer, Payet faisait encore du Payet dans sa réponse : « Je pense que ça ne s’arrange pas avec l’âge. Plus ça va, plus je marronne. J’étais bien content de ne pas être à Brest, je pense que sur la main, j’aurais pris un jaune ou peut-être pire. Je suis quelqu’un qui n’aime pas quand ça va pas, donc forcément des fois je dégoupille. Mais honnêtement c’est compliqué de travailler là-dessus parce que quand ça va pas comme je veux sur le terrain je m’énerve ». Et à la fin, c’est l’OM qui va devoir faire sans son meneur.
L’OM d’ailleurs. Ne serait-il pas opportun pour un club de monter au créneau et de défendre son joueur après une nouvelle décision risible de la LFP ? La tentation est toujours grande, comme un réflexe, de se demander si Aulas aurait eu la même attitude si un de ses joueurs était à ce point dans le viseur. Mais, et cela ne surprendra pas grand-monde, c’est tout ce que veut éviter Jacques-Henri Eyraud. Le président de l’OM reste marqué par la gestion du OM-Lyon de 2018 (victoire 3-2 des Lyonnais avec un but de Memphis Depay dans les derniers instants et attroupement après le coup de sifflet final provoqué par Marcelo, à qui Adil Rami avait répondu). Le club phocéen était monté au créneau, comme Vincent Labrune avait pu le faire en son temps en ressassant toutes les irrégularités lyonnaises (étonnant, Anthony Lopes était encore dans le coup). Au final, Rami et Marcelo avaient écopé de la même suspension. Alors, le président de l’OM reste convaincu que la méthode d’Aulas est nuisible sur le long terme. Cela s’est effectivement constaté il y a six mois, alors que le président lyonnais était contre l’arrêt du championnat. Sa vision sur la possibilité de reprendre ailleurs en Europe, les conséquences sur les droits TV, était bonne ou mauvaise, mais, sur le moment, tout le monde n’a vu que le discours d’un patron qui pensait aux intérêts de son entreprise. Selon nos informations, le club est en train d’étudier ce qu’il est possible de faire pour venir en aide à Payet. Peu importe la manière est-on tenté de dire. Il serait temps, et même grand temps, que Payet et les autres olympiens soient enfin respectés par les instances de discipline. A l’OM de jouer, au risque de vivre une saison pénible.